Face au lobbying des chasseurs, le bloc solidaire des associations

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(une quarantaine d’associations étaient présentes pour défendre la faune sauvage : One Voice, ASPAS, Sea Shepherd… photo ASPAS)

Ce samedi 13 octobre, la manifestation anti-chasse, à laquelle j’ai participé, a réuni entre 1000 et 2000 personnes à Paris. Une très bonne nouvelle pour tous les défenseurs de la vie sauvage, à l’instar de Muriel Arnal, la présidente de One Voice, initiatrice de cette marche, qui rappelle qu’en 2016, le même événement n’avait rassemblé que 100 individus. En deux ans, les associations ont changé de tactique et les citoyens se sont mobilisés !

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Un mois d’août marqué par le sinistre lobbying de la chasse

Il faut dire que cet été, les citoyens français et les défenseurs de la nature en particulier ont pu constater à quel point le lobbying des chasseurs était puissant.

Campagne publicitaire malhonnête présentant les chasseurs comme les « premiers écologistes de France », validation par Emmanuel Macron de la division par deux du prix du permis de chasse national, ou encore démission d’un Nicolas Hulot définitivement découragé par l’influence extrêmement pesante du lobbyiste Thierry Coste : c’est bien une accumulation d’événements consternants qui a poussé un très grand nombre d’associations à travailler ensemble contre le lobbying de la chasse, pour mobiliser un maximum de citoyens et mieux faire passer les messages 🙂

manifestation anti chasse 03(photo ASPAS)

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La communication rodée des chasseurs

Si les chasseurs se contentaient, auparavant, de parler de « prélèvements » pour édulcorer la réalité de leurs tueries, souvent très cruelles (chasse à la glu, chasse à courre, vénerie sous terre…), leur communication est désormais encore plus rodée.

Depuis quelques années, leur discours ne consiste plus seulement à faire oublier qu’ils tuent les animaux, effraient les promeneurs, s’en prennent à des animaux domestiques et à des humains (sur la saison 2016-2017, 143 accidents de chasse), chassent imbibés d’alcool et polluent la nature (les munitions au plomb, que les chasseurs ne ramassent pas, contiennent des métaux lourds très toxiques) : ils vont maintenant jusqu’à se présenter comme des gens responsables qui étudient, protègent et aiment la faune sauvage…

Les chasseurs reprennent le champ lexical des associations de protection de la nature pour valoriser leurs actions. Au début du mois d’août, sur les ondes d’Autoroute FM, une publicité pour la FNC (Fédération Nationale des Chasseurs) annonçait ainsi, avec une voix féminine, douce et particulièrement engageante, que les chasseurs étaient des bénévoles de la biodiversité :

Aménagement des habitats de la faune sauvage, surveillance sanitaire des animaux, régulation des espèces ou bien encore valorisation des chemins ruraux. Chaque jour et partout en France, plus d’un million de chasseurs agissent bénévolement pour le maintien de la biodiversité ordinaire.

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Une campagne publicitaire malhonnête

Et surtout, au mois d’août toujours, la FNC a lancé dans les transports en commun (les stations du métro parisien par exemple) une grande campagne qui présentait les chasseurs comme les « premiers écologistes de France ».

La RATP, pas dupe tout de même, a refusé de valider la campagne publicitaire en l’état et a imposé à la Fédération Nationale des Chasseurs de modifier ses affiches en y ajoutant systématiquement un point d’interrogation. Voilà un exemple :

fnc campagne mensongere

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La riposte de la LPO 

Pour répondre à cette campagne malhonnête, la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) a repris les affiches de la Fédération Nationale des Chasseurs pour les détourner de façon éclairante sur les réseaux sociaux. Voilà ce que ça a donné :

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Visuel_Rougegorge_OK

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Les revendications des associations anti-chasse 

Voici les principales revendications des associations françaises qui protestent contre la chasse. Ces dernières demandent  :

  • l’indépendance de la police de la chasse
  • l’interdiction de chasser les espèces en mauvais état de conservation
  • l’interdiction de chasser en période de reproduction
  • l’interdiction des pièges tuants
  • la fin des chasses dites traditionnelles (glu, lèques, lacs, pentes, tendelles…)
  • l’abolition de la vénerie sous terre
  • l’abolition de la chasse à courre
  • l’abolition de la chasse dans les espaces protégés (parcs nationaux, réserves naturelles, réserves biologiques)
  • deux jours par semaine sans chasse ni piégeage (dont le dimanche) et l’intégralité des vacances scolaires
  • la visite médicale annuelle obligatoire pour le permis de chasse avec contrôle de la vue

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Pour aller plus loin :

manifestation anti chasse 01(photo ASPAS)

Ensemble, défendons notre planète

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(point de rassemblement de la marche, place de l’Hôtel-de-Ville, Paris)

Cet après-midi à Paris, la « marche pour le climat » organisée par Maxime Lelong, un citoyen écologiste jusque là inconnu au bataillon, a rassemblé environ 35 000 personnes (20 000 selon la police, 50 000 selon les organisateurs). Vers 14h30, une véritable marée humaine a effectivement submergé la place située devant l’Hôtel de Ville et les différentes avenues alentour. Le cortège a quitté le quartier vers 15h30 pour se diriger vers le nord de la capitale, avant de rejoindre la place de la République vers 17h00, tout ceci dans une ambiance pacifique et bon enfant.

Merci Maxime !

(toutes les générations ont répondu à l’appel)

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Cette idée de rassemblement citoyen a germé dans la tête de Maxime Lelong au lendemain de la démission de Nicolas Hulot (le 28 août dernier), jusque là ministre de la Transition Écologique et Solidaire, qui interpellait alors, avec une amertume plus que palpable, les auditeurs de France Inter et par là même, tous les citoyens français :

Est-ce que j’ai une société structurée qui descend dans la rue pour défendre la biodiversité ? Est-ce que j’ai une union nationale sur un enjeu qui concerne l’avenir de l’humanité et de nos propres enfants ?

(bannière de l’association française Bloom)

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Suite à l’appel de Maxime Lelong, 35 000 franciliens et d’innombrables associations (internationales, nationales et locales ; connues du grand public comme Greenpeace ou Agir pour l’environnement, ou plus confidentielles telles que Green’Houilles ou Grands Parents pour le climat) se sont donc déplacés pour exprimer leur inquiétude, leur colère et leur volonté de voir s’améliorer urgemment la triste situation écologique de notre planète. Par ailleurs, des centaines d’événements ont été organisées sur tout le territoire français aujourd’hui, dans le même état d’esprit 🙂

Les citoyens sont dorénavant invités à réagir plus souvent, que ce soit au quotidien ou lors de rassemblements comme celui d’aujourd’hui : pour défendre la planète (son climat, sa biodiversité, ses zones sauvages, la santé de ses habitants) et pour condamner les produits phytosanitaires, les énergies polluantes ou encore, bien évidemment, les lobbys !

(arrivée sur la place de la République)

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Pour aller plus loin :

Le Père-Lachaise, un refuge verdoyant pour les oiseaux

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Le joli cimetière du Père-Lachaise est le lieu le plus vert de Paris (après le bois de Boulogne et le bois de Vincennes, également propriétés de la Mairie de Paris), avec plus de 5 000 arbres. A l’écart du tumulte de la ville, cet espace de 44 hectares abrite donc un grand nombre d’oiseaux.

Dimanche dernier, grâce au guide Patrick Suiro, bénévole du CORIF (Centre ornithologique d’Île-de-France, en coopération avec la Ligue de Protection des Oiseaux), notre petit groupe a pu observer 23 espèces d’oiseaux en 3 heures, parmi lesquels : le pic épeiche, le geai des chênes, le traquet motteux, le grimpereau des jardins, la fauvette à tête noire, le troglodyte mignon, le pinson des arbres ou encore le verdier d’Europe !

Cette promenade instructive m’a enfin permis de faire la différence entre le pinson et le bouvreuil (je les confondais en raison de leur poitrine rose), ou encore entre le martinet et l’hirondelle (dont les deux silhouettes se ressemblent beaucoup en vol) :

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90   Hirondelle de fenêtre Delichon urbicum Common House Martin

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Pour se développer, la biodiversité a besoin d’un environnement sauvage

Depuis 2015, la Mairie de Paris n’utilise plus aucun produit phytosanitaire pour l’entretien de ses cimetières. Le but : préserver la santé des humains (employés et visiteurs), l’environnement ainsi que la biodiversité.

Plus on laisse la nature évoluer librement, plus la biodiversité se développe. D’où l’intérêt de stopper l’utilisation de pesticides et de ne pas supprimer les « mauvaises » herbes ou arbres morts ! Certaines zones du cimetière Père-Lachaise sont relativement épargnées par l’intervention humaine (on laisse la végétation faire sa vie !), notamment dans le sud-est du cimetière, et deviennent ainsi le lieu de prédilection (et donc de nidification) des animaux. Les naturalistes estiment toutefois que le contrôle de la nature y reste drastique (désherbage, débroussaillage), ce qui expliquerait par exemple l’absence de papillons dans la zone…

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Highgate, un cimetière autrement plus sauvage !

Avez-vous déjà entendu parler du cimetière de Highgate, situé dans la banlieue de Londres ? Les touristes s’y rendent pour visiter la tombe de Karl Marx, mais aussi pour admirer la beauté luxuriante des lieux. Certaines zones y sont littéralement envahies par les plantes grimpantes. Les racines des arbres y renversent parfois les tombes les plus anciennes. La faune et la flore y règnent en toute tranquillité…

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Pour aller plus loin :

  • la LPO organise des centaines de sorties et séjours nature chaque année, partout en France
  • pour participer à une balade ornithologique au Père-Lachaise, ça se passe ici
  • voici quelques informations sur le cimetière de Highgate

 

Biodiversité : renouons avec la France sauvage

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(renard curieux)

Ré-ensauvageons la France : voici le titre enthousiasmant du dernier ouvrage de Stéphane Durand et Gilbert Cochet, deux spécialistes de la biodiversité. Le livre vient de paraître aux éditions Actes Sud, dans une collection prometteuse intitulée Mondes sauvages, pour une nouvelle alliance. La collection Mondes sauvages a pour magnifique ambition de repenser notre rapport au sauvage. Elle a déjà quatre titres à son actif.

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Les deux amoureux de la nature ont travaillé sur différents films de Jacques Perrin (Le Peuple migrateur, Océans, Les Saisons) et ont chacun écrit plusieurs livres. Ils sont tous les deux administrateurs de l’Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS). Gilbert Cochet, président de l’association Forêts sauvages, travaille également avec le Muséum national d’histoire naturelle.

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L’extraordinaire potentiel de biodiversité de la France

Le but de cet ouvrage : faire prendre conscience, aux citoyens autant qu’aux politiques (les décideurs), que la France a un potentiel extraordinaire de biodiversité et qu’avec des efforts sincères, nous pouvons lui redonner son vrai visage : celui d’un pays à la nature immensément sauvage et libre, que ce soit en termes de paysages, de faune ou de flore !

Il s’agit d’un livre résolument optimiste (parce qu’il prend la peine de récapituler tout ce qui a déjà été fait dans le bon sens, et parce qu’il imagine un avenir toujours plus encourageant), très bien renseigné et pragmatique, qui n’oublie pas de faire rêver le lecteur. Ce bouquin déconstruit également bon nombre de clichés. Exemples : les vertus prétendument régulatrices de la chasse, du pâturage ou des barrages… Haro sur la chasse, les  aménagements territoriaux, l’urbanisation ! Il nous faut apprendre à ne plus percevoir la nature comme hostile, à ne plus considérer les animaux sauvages comme nuisibles !

En évoquant tour à tour les grands milieux qu’offre le territoire français (montagnes, falaises, forêts, marais, côtes, océans), Stéphane Durand et Gilbert Cochet nous emmènent en randonnée et nous montrent tout ce qu’un ré-ensauvagement du pays (moins de déboisement, moins de pâturages, moins de barrages et de digues, moins de drainages, moins de chasse et de pêche, moins d’agriculture intensive, moins de fractionnement des espaces naturels…) apporterait en termes de diversité et de richesses naturelles 🙂

(en 40 ans, le hibou grand duc a multiplié ses effectifs par dix en France)

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Voici quelques extraits qui donnent une idée de la variété des sujets abordés au cours des 176 pages de cet ouvrage.

Le formidable potentiel économique du tourisme vert 

Aux quatre coins du monde, on remarque que l’écotourisme est très rentable.

A l’heure où l’on ne sait plus à quel saint se vouer pour faire revenir la croissance et ses richesses, nous allons démontrer que favoriser le retour à la nature sauvage dans notre pays est un excellent moyen de créer des emplois et des opportunités économiques. (…) Nous sommes persuadés que la biodiversité est l’enjeu économique de demain. Et la France a le potentiel pour devenir le leader européen. C’est un cadeau de la nature. Profitons-en !

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L’exemple du bison, déjà réintroduit en Allemagne 

A priori, le bison ne reviendra pas de lui-mêle en France, il est trop casanier pour cela. Une réintroduction par l’humain sera donc nécessaire…

Le bison, réintroduit en Allemagne à proximité de nos frontières, pourrait atteindre nos territoires, largement propices à son retour. (…) Il pourrait être réintroduit en forêt de Chaux, d’Orléans et dans les Ardennes. Les Allemands ont relâché des bisons dans le massif de Rothaargebirge, en Rhénanie-Westphalie, et se sont rendu compte qu’ils étaient très casaniers et s’accommodaient fort bien de la proximité d’une forte densité humaine.

(à quand le retour du bison dans le Vercors, les Vosges, le Jura, les Pyrénées ?)

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Comment le saumon retrouve-t-il la rivière dans laquelle il est né ?

Chaque année, les saumons remontent la rivière dans laquelle ils sont nés, pour y frayer (pondre leurs œufs). Malheureusement, les barrages interrompent leur trajet, et de fait, de nombreuses structures n’ont pas encore été adaptées aux poissons migrateurs.

Comment y parviennent-ils ? En captant le goût unique de la rivière de leur naissance, un savant cocktail chimique fait de la décomposition de telles espèces de feuilles mélangées à tels et tels minéraux issus de l’érosion de la roche environnante dans des proportions uniques qui signent à coup sûr (si l’on est aussi sensibles qu’un saumon) ce ruisseau.

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Cassons les préjugés sur la répartition territoriale de notre biodiversité

De nombreuses espèces animales se limitent aux montagnes à cause de la chasse et de la destruction de leurs habitats.

Une autre belle surprise est celle de constater que les animaux que l’on pensait inféodés aux milieux rupestres sont tout à fait capables de vivre loin des rochers et des falaises. Le chamois descend des montagnes jusqu’à la Méditerranée, le grand corbeau niche en forêt de Haguenau et le hibou grand duc dans les forêts de la Dombes. Ce sont tous de « faux rupestres » qui ne le sont devenus que contraints et forcés par une traque continue exercée pendant des siècles. De même, les phoques veaux marins, désormais protégés, viennent explorer fleuves et rivières. Aujourd’hui, laissées enfin tranquilles, ces espèces se réapproprient tout simplement leurs aires de répartition normales.

(le chamois est revenu de lui-même dans les Maures)

chamois

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Un espace protégé bien trop réduit en France

On lit parfois que la France protège 20 à 30 % de son territoire, mais c’est en comptant les parcs naturels régionaux, qui n’établissent que des chartes de bonne conduite sans protection concrète sur le terrain. Les surfaces sont donc encore très faibles. A peine 1 % du territoire bénéficie d’une protection : ce sont les cœurs des parcs nationaux, les réserves naturelles, les réserves biologiques intégrales.

(une tortue caouanne est venue pondre ses œufs à Fréjus en 2016)

tortue caouanne

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Le problème typiquement français de la chasse

Les études scientifiques démontrent que la régulation de la nature par la chasse est un argument fallacieux. Les espèces s’auto-régulent, selon leur densité.

Concernant la faune forestière, le point crucial serait de parvenir enfin à réduire drastiquement le prélèvement. Nos voisins européens qui ont des territoires plus petits et des densités humaines plus grandes accueillent paradoxalement des populations animales plus importantes (2 millions de chevreuils en France et 8 millions en Allemagne). L’intense pression de chasse est un problème typiquement français, lié en partie à la crainte d’être envahis par des hordes d’animaux sauvages hors de tout contrôle.

(en 2018, les Français ont encore le droit de chasser le lagopède)

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La moule perlière, sentinelle de la pollution des eaux douces

L’agriculture non-bio pollue énormément les rivières.

Les bio-indicateurs les plus intéressants de la santé des rivières sont les moules perlières car elles sont les plus exigeantes. Elles ne supportent pas la moindre trace de nitrate. Quand les conditions sont réunies, les moules perlières peuvent être très nombreuses. Sa population en France n’est plus que de 100 000 individus dispersés dans une centaine de rivières. (…) La moule perlière est si sensible, si exigeante quant à la qualité des eaux qu’il suffit d’une seule ferme en agriculture conventionnelle pour polluer tout un bassin versant.

(la moule perlière est en déclin)

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Pour aller plus loin :

  • l’association Aspas (Association de Protection des Animaux sauvages) rachète des forêts pour créer des réserves sous le label « Réserve de Vie Sauvage ». Seule activité humaine autorisée sur ces zones : la promenade !
  • l’association Aspas parle très bien du bouquin ici
  • voici une page de ConsoGlobe sur l’écotourisme en France
  • la biodiversité en France résumée par l’INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel)

Chasse à courre : stop à la barbarie !

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(photo de Justin Holding)

Ce samedi 31 mars, grâce au collectif AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui), près de 1000 personnes se sont réunies sur Compiègne, haut lieu de la vénerie, pour fêter la fin de la saison de la chasse à courre (octobre-mars) : il s’agissait d’habitants de la région mais aussi de gens venus de Lille, de Bretagne ou encore de la région parisienne, comme moi. Dans le cortège, plusieurs Compiégnois m’ont expliqué que beaucoup de gens du coin, qui partageaient nos convictions, ne rejoindraient pourtant pas la manifestation, par peur des conséquences que cela engendrerait sur leurs relations sociales à Compiègne 😦

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10 heures : manifestation pacifiste dans les rues de Compiègne

Pendant deux heures, nous avons manifesté dans la ville en brandissant des banderoles et des pancartes aux messages chaleureux (« cerf-moi fort »), endeuillés (« je suis l’animal supplicié ») ou volontaristes (« ils ont les armes, on a les arguments », « vénerie abolition », « le moyen-Âge c’est fini ! », « chassons la cruauté »).

Dans le cortège se trouvaient des femmes aux cheveux ornés de fleurs, des enfants, des personnes âgées, des punks, des amoureux de la nature, des anarchistes, des écologistes, des végétariens et des vegans, des associations (Ligue de Protection des Oiseaux, One Voice…). Si les forêts n’étaient traversées et explorées que par ce genre d’humains, l’existence des animaux sauvages serait idyllique ou presque… 🙂

Notre marche sur Compiègne s’est terminée par un sympathique rassemblement sur la place de l’Hôtel de Ville, avec un stand de restauration végane et un petit concert de musique.

(ci-dessous, trois photos de Justin Holding, les autres photos qu’il a prises sont réunies ici)

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14 heures : expédition en forêt pour sauver le cerf de la mort

En début d’après-midi, lorsque nous avons appris que la dernière chasse à courre de la saison avait justement lieu ce jour, 150 d’entre nous ont rejoint la forêt avec AVA pour tenter de sauver le cerf tristement désigné. Avec pour seules armes notre empathie et notre sang-froid, nous avons investi les bois et perturbé, toute l’après-midi, les équipages (chasseurs à cheval et meutes de chien) pour empêcher le massacre.

Quoi qu’il en soit, ne l’oublions pas, le cerf aura été traqué et terrorisé par les chasseurs pendant de longues heures… 😦

Vers 17 heures, les bourreaux sont parvenus à coincer le cerf au bord d’un tout petit lac, dans lequel l’animal s’est lancé pour échapper à la torture. La préfecture a fait déplacer en urgence des dizaines de CRS qui nous ont formellement et physiquement interdit l’accès à la propriété privée et au point d’eau concerné. Finalement, en fin d’après-midi, la confrontation tenace entre les militants et les CRS, ainsi qu’une longue négociation entre l’Office National des Forêts et les chasseurs, ont débouché sur une très bonne nouvelle : vers 18 ou 19 heures, la préfecture a officiellement annoncé que le cerf était gracié.

VICTOIRE ! 

Un résumé vidéo de la journée en 9 minutes (merci Lucie Htlin) :


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Foutons la paix aux animaux de la forêt !

Le cerf est parfois appelé le « roi de la forêt ». Malheureusement, à Compiègne, les cerfs ont toujours connu l’extrême angoisse de la chasse à courre, cette tradition barbare pratiquée par des humains orgueilleux, avides de puissance et de violence.

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La chasse à courre consiste à acculer l’animal innocent pendant des heures avant de le tuer brutalement à l’arme blanche ou de laisser les chiens le dévorer vivant. Les chevreuils, les sangliers, les renards et les lièvres connaissent parfois le même sort que les cerfs…

Si elle est interdite en Allemagne depuis 1936, en Belgique depuis 1995 et en Grande-Bretagne en 2005, la chasse à courre est toujours autorisée et allègrement pratiquée en France. Elle démarre en octobre et se poursuit jusqu’en mars. Les chasseurs terrorisent et massacrent donc les animaux pendant six mois de l’année, deux fois par semaine, pour leur bon plaisir !

Les Français ne sont pourtant pas tous des pervers. 85 % d’entre eux sont clairement opposés à cette tradition cruelle.

En octobre 2017, un cerf a été acculé et sacrifié au beau milieu d’un village de la zone de Compiègne, sous l’œil effaré d’habitants qui n’ont pas pu le supporter. Leur colère a rapidement atteint, grâce aux réseaux sociaux, un grand nombre de cœurs tendres. C’est ainsi qu’un honorable mouvement de désobéissance civile est né pour veiller sur les animaux de la forêt : Abolissons la Vénerie Aujourd’hui.

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Tous les animaux souffrent de la chasse à courre 

Les aristocrates qui pratiquent la chasse à courre ne se contentent pas de terroriser les animaux sauvages. Ils dénigrent ou maltraitent également les animaux dont ils ont la charge. Ainsi, leurs chiens de meute sont entassés dans des chenils toute l’année ; ils subissent les coups de fouet, sont souvent blessés et percutent parfois mortellement des voitures lors des chasses ; ils sont finalement euthanasiés quand ils ne sont plus efficaces. Les chasseurs ne se sentent pas plus concernés par le bien-être de leurs chevaux : ces derniers sont épuisés par les courses et finissent à l’abattoir quand ils ne font plus l’affaire. Les adeptes de la chasse à courre ne considèrent leurs chiens et leurs chevaux que comme des instruments, des outils.

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Pour aller plus loin :